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Repenser l'éveil aux Sciences...en Montessori?



J'apprends qu'il sera désormais à nouveau possible pour les enfants de disséquer une grenouille dans les classes de collège pour servir l'étude de la biologie et l'approche scientifique.

Quel message pour nos enfants si ce n'est la sempiternelle excuse que tout est faisable au nom de la Science ?

Nous connaissons l'histoire des Sciences et il a peut être fallut en passer par là pour faire des avancées à une certaine époque lorsque la conscience humaine était moins présente que de nos jours. Mais là en 2016, comment s'autoriser à enseigner aux enfants que l'on peut tuer des animaux sans autre but que de voir comment ils sont faits à l'intérieur? Sans autre but que de servir à faire un "apprentissage".


Alors qu'il est si aisé de faire des observations sur un modèle de plastique ou encore sur le net.


L'anatomie révèle en effet bien des choses de l'animal et de ses caractéristiques mais il est possible de travailler avec des nomenclatures, de réaliser une maquette ou de voir une vidéo...

Décider d'élever et de tuer des grenouilles en masse pour fournir les collèges dans le seul but de faire ce type d'expérience est dépassé et déplacé.

Encore une fois découvrir la démarche scientifique peut se faire sans porter préjudice au vivant. La dissection est le plus souvent un acte violent pour l'enfant submergé par des odeurs, des textures et une vision qui s'éloigne de la beauté de la Vie.

Les amphibiens sont en voie de disparition et il important que les enfants aient accès aux informations concernant la destruction de leurs habitats, l'utilisation, de pesticides, la présence d'espèces non indigènes dans certaines régions et ainsi aborder concrètement la chaine alimentaire, les besoins des grenouilles et ou dans quels biomes elles évoluent...Il y a bien des informations importantes à comprendre sans avoir à couper le corps d'un animal !

Que l'on trouve un animal mort, comme un serpent ou une grenouille, au bord d'un chemin et que l'on veuille le disséquer est une chose et cela peut se faire dans une école Montessori...même si cela n'aurait pas eu lieu dans ma classe car je pense que hormis une vocation précoce de chirurgien et une curiosité pour manipuler de vrais organes, les jeunes peuvent se passer de cette expérience qui ne vient que rarement d'eux même naturellement.

Comme je n'attraperai pas des papillons pour les épingler dans la classe. Si je trouve un spécimen mort, j'ai le droit de l'observer au microscope...mais je ne suis pas pour le cabinet de curiosité avec des bêtes dans le formol ou encore empaillées...


Il est possible de proposer un endroit pour y observer des plumes, des touffes de poils, des dents, des andouillers, une mue de serpent ou de cigale, une pelote de chouette, des os, des moulages d'empreintes... tant qu'il s'agit d'échantillons pour lesquels aucun animal n'a eu à souffrir.

L’éducation Montessori doit présenter une autre face de la science. Ce qui a été fait à une époque a été fait...Mais pour les enfants qui étudient le Monde et la Vie, il n' y a que peu d'intérêt à voir des animaux morts.

Alors même qu'il y a tant d'opportunités d'observer et étudier de beaux oiseaux au jardin, des insectes aussi ou de passer un moment avec un gentil chien ou un chat qui vont nous en apprendre bien davantage que les pauvres cadavres du coin science !

Ouvrons le cœur des enfants à ce que sont les animaux, à l'observation, à l'éthologie mais aussi à la compréhension de leur monde intérieur et de leur extrême sensibilité. Voilà une discipline nouvelle porteuse d'intérêt et de respect inter-espèces !

Nous sommes des modèles pour les enfants...et il faut réfléchir à la portée de notre façon d'être au monde.

Je n'enlève pas la vie, je ne prélève pas, je ne prends pas...L'homme prends et prends toujours. Je ne veux pas enseigner cela aux enfants.

En lisant un livre de Karine Lou Matignon," A l'écoute du monde sauvage" que j'ai adoré d'ailleurs, je suis tombée sur un texte de Jeremy Rifkin qui m'interpelle vraiment.


"La vieille science envisageait la nature comme des objets, la nouvelle science envisage la nature, d'abord comme des relations. La vieille science se caractérisait pas le détachement, l'expropriation des phénomènes, leur dissection et leur réduction, la nouvelle science se caractérise par la participation, la régénération, l'intégration et le holisme. La vieille science avait pour but de rendre la nature productive, la nouvelle science cherche à la rendre durable. La vieille recherchait la domination de la nature, la nouvelle cherche à établir un partenariat avec elle."

De nos jours, on doit faire les choses en conscience et montrer aux enfants qu'il y a d'autres façon de faire, des approches plus respectueuses surtout en Montessori.

Il faut apporter des nuances à cette foi sans faille pour la science. Elle a beaucoup compté, elle doit compter encore à condition qu'elle sache prendre un tournant nécessaire. Et si dans les écoles on reste sur les anciennes approches alors on ne permettra pas à ces enfants de développer une vision holistique du monde. Ils arriveront à l'âge de fin d' études avec des connaissances dépassées, une vision erronée des choses qui ne leur servira à rien.

Le cœur du monde bat et l'humanité commence à l'entendre : Tout se repense actuellement. L'éducation, les nouvelles technologies, les nouvelles énergies, l'habitat écologique, le retour de la nature dans les villes, les médecines naturelles, l'agriculture bio, les locavores, la réparation d'appareils, le covoiturage...Bref il y a un vent nouveau. Ce n'est pas un ouragan mais il est impossible de ne pas le sentir.

Il ne faut pas louper le coche et rester en marge de ces disciplines dont on sait qu'elles sont le monde de demain.

On doit changer les propositions qui sont faites aux enfants dans les écoles et les ouvrir aux connaissances liées à ces nouveaux domaines. Ces enfants ont le droit à cette vision holistique du monde où tout est interconnecté, où la nature sensible et précieuse a toute sa place car elle est pour nous une infinie source d'inspiration.

Permaculture, médecines naturelles, biomimétisme, nouveaux habitats, agroécologie, communication animale, consommation maitrisée, ressources énergétiques vertes, végétarisme, écologie de l'éducation....

Nous avons une conscience mondiale qui naît devant nos yeux mais nos enfants rassissent dans des bâtiments vieillots, bétonnés, clôturés et dans lesquels on apprend des choses programmées qui ne font plus sens, si l'on a conscience des défis auxquels cette jeunesse devra faire face. Il est temps de leur donner les armes pour apprendre à vivre en harmonie avec le monde qui les entoure, à gérer les ressources, à changer leur mode de consommation, à cultiver leur jardin, à recycler, construire sa maison, réparer son véhicule ou encore s'en passer, ne pas voyager sans raison, respecter les animaux et leurs besoins, éviter les pesticides ou encore faire ses propres vêtements, objets de décoration, jouets et autres...

Il y a beaucoup de travail à faire et de défis à relever. Faisons entrer la philosophie et les penseurs qui savent parler de la Vie, des animaux de notre rapport au monde, de l'écologie, des beautés de la vie etc.. Je pense à J J Rousseau, à Jean Giono, Romain Gary, Jean Marie Pelt, Thoreau, P. Rhabbi, T. Monod, M. Ricard, J. Goodall et bien d'autres.

Par ce qu'avant d'aller tuer de petites créatures pour étude, il serait positif que les enfants aient accès aux textes de personnes concernées par le monde et qui proposent une vision optimiste et des solutions.

Les enfants ont envie de vivre dans un monde qu'il est encore temps de réparer par nos actions bénéfiques.

Ils sont sensibles, conscients et acteurs du changement. Ils ont naturellement envie de respecter la Vie, de ne pas lui faire violence. Ils doivent s'engager à avoir le moins d'impact possible sur l'organisation délicate qui fait le monde naturel...Peut être parce que leurs ainés ont eu l'inconscience de tout prendre et de tout détruire.

Mais eux, portent cet espoir, celui d'une sagesse nouvelle qui pourra guérir notre héritage de désolation et de guerres.

Ces enfants seront les serviteurs de notre Terre et aideront nos communautés à prendre conscience des changements à effectuer pour vivre mieux et respecter notre planète.

Laissons les grenouilles à leur but cosmique, bien utile au demeurant dans ma région pleine de moustiques l'été. Tenons-les éloignées des labos où elles grandissent dans des boites de plastique, se chevauchant par centaines, sans jamais un rayon de soleil.

Respectons ces vies, aussi petites sont-elles, parce que nous n'avons pas l'autorisation de nuire à ce point et parce que nos enfants nous regardent...Eux qui ont bien souvent une conscience supérieure à la nôtre.


Pour ma part je prépare un programme d’Éducation Holistique et Écologique pour Elliott car au delà de toute pédagogie, je pense qu'il y a des savoirs qui sont désormais des fondamentaux pour servir la Vie et avoir un rôle à jouer demain.

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