Cette année encore l’ambiance est le point de départ d’une quantité d’activités passionnantes. Il est vrai que les classeurs NAMC Montessori sont décidément très inspirants. Ils sont le guide nécessaire pour élaborer des présentations et proposer des extensions d’activités dans tous les domaines.
Parfois, comme aujourd’hui, on se rend compte que la Pré-Algèbre est abordée en fin d’élémentaire supérieur alors qu’Elliott est déjà familier des équations simples à une ou deux inconnues. Donc on adapte et on passe certaines présentations. Mais les leçons sont géniales, complètes et d'un haut niveau. C'est très stimulant et on avance à grand pas. Les listes d'activités à présenter et à revoir pour l’acquisition des notions sont très utiles pour se situer dans cette quantité incroyables de propositions.
Je laisse Elliott choisir des activités dans l’ambiance, je les lui présente si ce n’est pas déjà fait, et ensuite je lui propose une leçon pour approfondir un sujet lié à cette activité ;
Par exemple, il va détourer une forme d’arbre afin de réaliser un dessin avec une légende en Botanique et moi je vais présenter ensuite une leçon sur les feuilles ou bien les racines. S’il est enclin à continuer je vais lui présenter la classification des plantes et il va pouvoir faire des recherches sur les monocotylédones et eucotylédons par exemple.
Il y a un point de départ, assez simple, qui se trouve dans l’ambiance, et j’arrive ensuite avec ma proposition pour étendre ses connaissances dans le domaine qu’il choisit ; Son intérêt est respecté mais je l’incite à aller plus loin, à comprendre des notions plus complexes ainsi qu’à les retenir.
En effet, à chaque « leçon », il écrit dans son journal de sciences, de maths ou d’histoire, un petit résumé de ce que l’on vient de voir, ou bien il fait un schéma ou une « Mind Map » pour synthétiser ce qu’il a compris.
Elliott n’a pas de leçon à apprendre par cœur…on compte sur le fait que des portes s’ouvrent dans son esprit, des images, des sensations, des séquences s’impriment et nourrissent son être en développement.
Il n’est pas un vase que l’on remplit, souvenons-nous, mais une terre fertile sur laquelle viennent germer des quantités de graines ;
Parfois, on peut s’amuser à faire quelque chose dans un temps imparti, c’est un jeu qui plait d’ailleurs. L’ adulte ne porte pas de jugement sur la performance ou l’échec; Par contre, il peut voir ce qui a posé problème et proposer plus tard de retravailler telle ou telle notion.
L’adulte doit sans cesse se remettre en question dans l’aide à apporter et ce n’est pas facile. L’essentiel est de garder en tête de toujours offrir un choix, de respecter le rythme tout personnel de l’enfant, de lui offrir la possibilité de se corriger seul, de le faire travailler au maximum en autonomie.
Bien sûr, la « leçon » est un moment de partage et d’échange où l'on travaille ensemble un ou deux exemples, mais ensuite il faut laisser à l ‘enfant un travail qu’il va réaliser seul et corriger. S’il en a besoin on peut l’encourager ou l’aider mais sinon il est bon de ne revenir qu’à la fin.
Aujourd’hui, je lui ai présenté les Egalités et les Inégalités en maths. A chaque étape de la présentation, il y a un travail que l’enfant fait seul et j’entendais Elliott qui disait qu’il aimait faire ça et qu’il le referait ce soir pour s’amuser.
Je l’ai vu refaire tant de fois du travail après des présentations… Par exemple sur l’accord après l’auxiliaire avoir, sur l’heure, sur les équations, sur les verbes irréguliers anglais et j’en passe. Il écrit sur son tableau et crée des exercices qu’il réalise ensuite avec un enthousiasme non feint.
Est-ce que c’est ça Montessori ?
Elliott me dit souvent que les autres enfants ne peuvent pas aimer les mathématiques ou la grammaire car ils n’ont pas le matériel ! C’est vrai que le matériel et toutes les présentations Montessori semblent permettre l’acquisition de notions complexes sans même que l’enfant ne se rende compte de la difficulté.
Par exemple, Elliott calcule le théorème de Pythagore depuis l’âge de 8 ans et cela ne lui a pas semblé compliqué, au contraire, je me souviens à quel point cela l’a intéressé. Et on ne le fait pas pour être en avance mais par ce que Pythagore est un personnage important dans l’histoire des mathématiques et on souhaite que l’enfant saisisse ce qu’il a apporté au monde à cette époque. De plus, le théorème vient après avoir longtemps exploré la table sensorielle de Pythagore qui fait travailler concrètement la multiplication.
Montessori n’est pas fait pour faire de nos enfants de petits génies. Il s’agit de bien autre chose…mais il se trouve que les jeunes Montessoriens qui ont commencé Montessori dans le bas- âge ont, de fait, des capacités et des connaissances qu’il faut sans doute attribuer au fait que leur développement a pu se faire harmonieusement.
En effet, Montessori respecte le développement naturel des enfants, réponds à leurs besoins spécifiques pour chaque tranche d‘âge et le résultat est que ces enfants ont du plaisir à aller vers l’activité, le travail, la connaissance, la recherche. Ils aiment réaliser des choses pour eux, seuls ou en groupe. Bref, ils ont du plaisir à apprendre quel que soit le domaine, ils ne sont pas fermés aux mathématiques ou aux conjugaisons.
Ils ont des préférences parfois pour certaines matières mais tout ou presque peut les intéresser. Ainsi, ils vont aller plus vite en chimie s’ils y portent un intérêt ou en botanique ou en mathématiques.
Elliott lit beaucoup mais n’a jamais ou presque fait de dictées. Hier, je lui propose de faire en 15 minutes un exercice d’orthographe de 6ème pour voir où il en est et ce que je peux lui proposer. Ce type d’exercice doit être très rare car il n’y a pas d’autocorrection prévue et qu’on ne travaille pas habituellement en faisant de quelconques tests .
Il a 16 réponses justes sur 19 et me fait remarquer qu’il y a une faute de français dans le livre !
Il n’a pas été entraîné à l’orthographe et il n’a jamais eu de notes…il se sent très confiant et réponds aux questions comme s’il jouait.
Il n’y pas en Montessori de notion de compétition, de meilleur ou de faible. Chaque enfant a son parcours et progresse tous les jours. Par ce que l’enfant va là où son propre cœur le porte…
Et s’il ne va pas vers les maths ou la grammaire, l’éducateur va trouver une stratégie pour l’y emmener. Ce sera de faire des maths pratiques, de calculer par exemple le nombre de bottes de foin pour deux chevaux afin de les nourrir un mois en sachant qu’ils en consomment 3 par jour à eux deux…pour un enfant passionné de chevaux, il y a peu de chance que ce type d’exercice très personnalisé ne le séduise pas !
Il y a mille et une astuces pour faire aller l’enfant dans des domaines qui ne le motivent pas. Il suffit pour cela d’observer où est l’intérêt de l’enfant. C’est ce moteur qui va l’inciter à aller vers un travail.
Monter une pyramide Maya et s’intéresser à cette civilisation ? C’est tentant, non ? Et bien on fait tout ça à Montessori 2 hills. On colorie une grande « timeline of Life », on fait une « Mind Map » sur l’intelligence des plantes, on étudie les différentes cartes et leurs utilisations, on revoit la nucléosynthèse stellaire, on fait de l’archéologie, on réalise des expériences sur les cristaux, on étudie les types de roches et les minéraux, on revoit la classification Linnéenne mais on aborde aussi la nouvelle classification entre autres choses.
Elliott explore le monde de chez lui ou lors de visites et grandit chaque jour de connaitre les merveilles qui le compose.
Montessori a développé chez lui des qualités indéniables de concentration, de précision, de raffinement. Il est un enfant discret, poli, respectueux des autres et des règles de vie en société. Il adore lire, faire des casse-tête, jouer à des jeux de société, construire, bricoler et bien d’autres choses encore. Il sait s’occuper seul, imaginer des histoires élaborées et partager des moments avec son frère aîné. Il aime délirer avec nous et a beaucoup d’humour mais quand il travaille, il prends son temps, soigne chaque détail et réfléchit à tout…c’est impressionnant à voir. Il est très exigeant avec lui-même et fait preuve d’une maturité déconcertante.
Sinon c’est un petit gars comme les autres qui aime Minecraft, BoB l’éponge, les légos et ses petits chats!
Mais je prends conscience que, tout comme son grand frère qui est maintenant à l’université en Angleterre, ces enfants de part leur capacités, leur moi intérieur, leur regard sur le monde, ces enfants auront de belles choses à faire en grandissant. Ils ne pourront se contenter, ils auront un véritable appétit d’être dans le monde et d’y faire des actions concrètes dans le domaine de leur choix. Pas pour écraser les autres, gagner plus ou profiter. Mais pour être heureux et œuvrer pour un monde meilleur.
Bien sûr, comme tout le monde, ils auront des difficultés et des obstacles à passer, mais ce qu’ils ont en eux, les aidera sans doute.
Je ne dis pas qu’ils seront toujours à l’aise dans les problématiques du monde moderne, eux qui sont tant ancrés à la Nature et aux menaces qui pèsent sur elle, mais ils trouveront toujours leur propre voie parce que leur construction intérieure est harmonieuse, parce qu’ils savent faire des choix pour eux et qu’ils ont une forme de liberté.
En tout les cas, ils pourront toujours puiser leur force dans une enfance douce, riche et souriante.