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Socialisation vs sociabilité de l'enfant.



Mon amie d'enfance me contacte récemment pour savoir si la socialisation était un des grands axes de la pédagogie Montessori...

Alors je pense que la socialisation est un processus par lequel l'enfant devrait passer pour aller d'un être sommes toute "naturel" vers un être social et donc civilisé.

Or il est admis que l'être humain est social par définition. Comme le loup, l'homme ne peut vivre sans l'autre, sans son regard et surtout sans communiquer.

La nature a prévu qu'il soit capable d'être avec les autres, d'échanger et de respecter ses pairs. Si certains n'y arrivent pas ce sont souvent leur vie, leurs expériences qui ont abîmées cette faculté.

A voir les peuples premiers, qui vivent en communauté et dans une harmonie certaine non seulement avec leur milieu mais aussi entre eux, il semble aisé de constater qu'il n'y a nul besoin de de compliquer les choses : la vie du bébé auprès de sa maman puis au milieu des autres suffit à ce qu'il connaisse et s'adapte à son environnement social.

On imagine que c'est par la socialisation précoce que le petit d'homme peut parvenir à vivre en société car sinon il n'en serait pas capable... C'est tout à fait faut. Ce qui est juste de dire, selon Maria Montessori, c'est que le bébé et l'enfant ont une période sensible pendant laquelle les relations sociales ont toute leur importance.

Les relations sociales sont tous les échanges qu'il va pouvoir rencontrer au cours d'une journée dans sa famille proche, famille élargie, amis, connaissances des parents, commerçants, rencontres inopinées etc... La vie simple offre de nombreuses possibilités à ce niveau.

Nul besoin de mettre son enfant en crèche ou à l'école pour satisfaire ce besoin. Ceci est une pensée occidentale qui fait que que les gens en sont arrivés à penser que pour que leur bébé apprenne à parler et se développe bien il faut absolument qu'il aille en crèche! C'est faux...si le bébé doit y aller c'est pour que sa maman ait la possibilité de travailler...après je ne dis pas qu'on ne fait pas tout pour qu'il s'y épanouisse, on essaye, mais cet environnement ne favorise pas plus la socialisation.

Car à cet âge le bébé n'est pas encore dans une phase sociale à proprement parlé. Il ne comprends pas toute la complexité des échanges, l'attitude et le comportement qu'il doit adopter dans chaque situation.

De simples échanges de la vie quotidienne suffisent en fait aux bébés et au jeune enfants. L'important est que ces échanges soient à la fois agréables, sécurisants et riches.

A la maison, le fait de parler à ses enfants, d'échanger avec eux au cours des repas, de leur consacrer du temps et de penser un environnement adapté dans lequel langage, mouvement, choix, auto-correction, autonomie etc...sont possibles aident les enfants à entrer dans le monde et donc à construire leur sociabilité pas à pas. Et puis les visites aux voisins, les sorties au parc, le marché...

Il faut bien faire cette distinction. Il ne s'agit pas pour l'enfant de devenir social , il l'est, puisqu'il évolue en société et ne peut vivre sans les autres. Le défi pour lui est d'être sociable, c'est à dire, par l'expérience et les connaissances, parvenir à se comporter de manière adéquate dans les situations qu'il a à vivre. Savoir choisir un comportement adapté, connaitre les règles de savoir vivre, respecter l'autre, avoir de l'empathie, être poli, serviable, attentionné, bon camarade mais aussi capable d'échanges, d'entraide parfois et finalement de trouver sa place parmi les siens, au sein de la famille, dans un cercle d'amis mais aussi dehors au travail, dans la rue...

Il ne s'agit pas donc d'être tout le temps avec les autres mais de faire les expériences nécessaires pour construire notre sociabilité. Il faut aussi que l'adulte accompagne l'enfant dans ce domaine.

Dans une classe, bien sûr, il y a une grande quantité d'échanges et une richesse aussi d'expériences possibles positives et parfois négatives aussi. Les enfants qui font l'école à la maison ont moins de chance d'expérimenter cela et pourtant il n'en devienne pas moins sociables, je crois même pouvoir dire qu'ils le sont d'avantage.

Elliott a toujours été vers les autres enfants avec facilité, il aime jouer et échanger avec eux, alors que mon fils ainé naturellement n'est jamais allé parler à un enfant qu'il ne connaissait pas, mieux il ne voyait carrément pas les autres à la plage ou à la campagne, concentré qu'il était sur les merveilleuse choses qu'il avait à faire avec le sable ou quelques autres jeux.

La personnalité entre aussi en ligne de compte et je pense qu'en Montessori, on respecte cela. L'enfant doit être sociable mais il ne lui est pas demandé d'être toujours en présence de l'autre, en interaction permanente. Il a le choix de travailler seul ou en groupe et cela a beaucoup de valeur. Quand l'enfant le souhaite, il peut être avec les autres, mais le matériel permet aussi un travail individuel nécessaire pour la construction de soi.

Car à être toujours exposé à l'autre, sans possibilité de construire sa personnalité et son monde intérieur, il est à parier que l'enfant se surexpose et s'épuise mentalement. Sans compté qu'il aura toujours besoin de l'autre pour s'occuper, faire des choses, s'amuser...

Or l'enfant qui grandit et fait ses apprentissages à la maison apprends en même temps qu'à devenir sociable, à s'occuper seul, à être face à lui même, ses envies, ses centres d'intérêts. Il développe des qualités certaines et une maturité évidente.

Comme il n'a pas vécu d'expériences négatives avec les autres enfants ou si peu, comme les relations avec son entourage sont paisibles, il est confiant, calme et souvent déjà plein de connaissances des autres qu'il a eu le loisir d'observer, d'analyser. Bref, il a le temps de grandir et de comprendre les autres, la société et finalement la vie.

Alors à nous voir vivre, nous sommes une famille unie, pleine de vitalité et d'humour mais nous ne sommes pas très sociaux dans le sens que nous avons peu d'amis, nous voyions peu de monde.

Pas de bbq party ou soirée plancha avec plein d'amis, pas de sorties ou ballades en camping car à plusieurs couples...

Pas de longues soirées à discuter politique ou problèmes sociaux.

Pas de nombreuses fréquentations non plus pour nos enfants.

Bon. Le tableau ne parait pas très joyeux...

Pourtant, nous sommes bien ainsi. Nous ne sommes pas dans une surconsommation des autres.

Je pense que notre vie auprès des chimpanzés qui ont été nos intimes si longtemps, a quelque peu faussé la donne et nos enfants ont baigné dans cela, dans cette vision des choses qui a fait notre famille.

Mais nous sommes hyper sociables en fait et je ne me fais aucun souci pour mes enfants qui sont respectueux des autres, des règles de vie, de leur parents, des lois, bref il sont justes parfaits de ce côté là.

Ils n'ont aucune envie de nuire aux autres, ni à la nature d'ailleurs.

Nos valeurs fondamentales sont bien là.

Alors la socialisation pour moi n'est pas une valeur montessoriènne. La sociabilité oui.

Chaque enfant nait avec sa personnalité et ses potentiels.

Certains aimeront plus que d'autres être en présence des autres...certains aimeront la solitude, la musique, la lecture, être avec les animaux...il est si simple de laisser l'enfant découvrir ce qu'il aime et vivre naturellement selon ses envies. Encore une fois aller en crèche à deux mois même une crèche Montessori ne garantie pas que l'enfant va être plus sociable et surtout plus vite, car une crèche ce n'est pas la vie, la vraie vie...

La vraie vie nous apprends à être sociable car nous n'avons pas le choix pour exister en société.

Moi, à l'école j'ai vu des enfants absolument pas sociables qui se moquaient des autres, qui ne jouaient pas avec certains parce qu'ils ne correspondaient pas à leurs critères, qui faisaient des choses derrière le dos des adultes...

Les écoles sont pleines d'enfants qui ne sont pas sociables...alors vous me direz qu'ils sont en train de le construire en eux...peut être. Mais je doute que le cadre fermé de l'école, où les enfants ne fréquentent que leur classe d'âge, où ils ont peu d'opportunités de rencontres autres puissent finalement répondre à leurs besoins.

Au contraire, des gens comme moi hautement sensibles ont développé à l'école une méfiance pour l'autre, une retenue, une timidité qui les suit toute leur vie en fait...

Les camarades n'en sont pas toujours pour de vrais et le maître n'est pas toujours l'adulte valable qu'il aurait dû être.

Notre vie est emplie de rouages sociaux compliqués qu'il faut maîtriser et encore à l'âge adulte, on continue d'apprendre dans ce domaine. Mais ce qui semble important de vivre dans l'enfance, ce sont de belles expériences d'amour, d'amitié, d'échanges, de rire et de légèreté et cela les enfants en sont bien souvent plus capables que nous, adultes!

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