Laisser les enfants en dehors de l'école pour faire leurs apprentissages c'est avant tout choisir la Vie pour accompagner le développement de tous leurs potentiels. C'est penser qu'il est tout aussi important pour cet enfant de reconnaître une empreinte d' animal laissé sur le sol, une constellation dans le ciel, le nom d'un nuage ou le titre d'un opéra que de connaître sur le bout des doigts un programme scolaire pensé pour un groupe d'individus d'une tranche d'âge.
La Vie offre une variété infinie d'expériences qui prennent sens au cœur de l'enfant. Celles qu'il peut faire au sein de sa famille et de son entourage, celles qu'il va faire dans son quotidien d'être humain en société et puis celles qu'il fera dans le vaste monde.
D'où l'importance d'avoir des clés de compréhension précises qui permettront à l 'enfant de se situer d'une part, et de trouver sa place.
Montessori offre ces clés si on ne détourne pas cette pédagogie à des fins d'apprentissages scolaires uniquement. Comment?
En répondant à chacune des étapes naturelles de l'enfant sans hâte, ni compétition, en étant à l'écoute de son être et de ses possibilités.
Je l'ai dit souvent, Montessori est intimement liée à la Nature parce qu'il est évident que cette pédagogie connait la nature et les besoins de l'enfant et qu'on ne peut extraire ce dernier de cet environnement sans qu'il en subisse des dommages. Il y a des connexions naturelles évidentes qui ne demandent qu'à vivre mais la plupart des enfants ne peuvent vivre ce que la nature prévoit.
Offrir la liberté d'apprendre à la maison, c'est avant tout prendre le temps de laisser l'enfant grandir dans un accompagnement bienveillant, pensé, mais aussi être dans la nature avec les enfants et laisser naître leurs capacités d'observation, d'attention et d'exploration pour faire des découvertes.
Vivre dans le monde pour les enfants ne doit pas se résumer à comprendre les évènements chaotiques qui s'y passent, les préoccupations des adultes ou à s’interroger sur un avenir quelconque.
Les enfants, à partir d'un certain âge, peuvent prendre conscience de tout ça mais en faisant attention à certains événements...Ce n'est pas forcément protéger les enfants que de zapper quelques réalités, c'est diminuer l'impact des informations qui à l'heure médiatique prennent le pas sur le reste.
Je trouve plus utile que mon enfant sache voir ce qu'il y a de beau dans le monde avant tout : ses merveilles, son organisation naturelle, ses grandes découvertes, ses grands hommes et ses hommes de Paix avant de s'intéresser aux guerres, à la violence et à tout ce qui ne tourne pas rond.
Il faut avoir un cœur solide pour accepter ces choses là. Et franchement les jeunes enfants n'ont pas cette capacité.
Ils savent déjà assez des menaces qui pèsent sur notre planète, ils savent ce qui se passent pour certaines espèces et ils prennent ça en pleine face parce qu'ils ne sont pas aptes à prendre ces informations à la légère. Ils aiment profondément la nature ! Quand les adultes blasés et trop occupés ne sont capables que de constats, eux, ont le cœur carrément brisé...
Et puis apprendre que certains hommes nuisent au monde et nuisent à d'autres hommes peut être très déstabilisant alors même que les enfants essaient de se construire, qu'ils ont foi dans l'humanité et ses grandes avancées.
Dans mes années d'enfance, on avait pas tout ça devant les yeux...On avait notre monde d'enfant, on ne savait rien des problèmes des adultes, des couples ou de tout ce qui se passait ailleurs, on apprenait par bribes quelques événements mais de loin en loin.
Aujourd'hui on veut ne rien épargner aux enfants. Ils sont tellement comme nous, enfin c'est ce qu'on pense...mais ils ne le sont pas ! Ils sont bien plus sensibles et leur regard sur le monde n'est pas celui d'un adulte. Ils n'ont pas la même approche des choses, pas les mêmes besoins et il n'est pas possible de leur faire vivre une vie d'adulte sous prétexte que les enfants de maintenant sont mûrs plus vite.
Certes, ils sont un peu différents des enfants d'avant mais pas tant que ça!
Il faut continuer de leur offrir une certaine candeur...Ils sont autonomes certes, ils ont leurs propres réflexions ou avis et sont capables de dire "non", de penser par et pour eux mêmes mais voilà ils ont encore besoin de vivre une vie d'enfant. Des responsabilités à leur mesure oui, des injonctions à grandir sans considération pour le rythme naturel de leur développement ...et l'on peut casser de fragiles constructions.
La nature donne le ton et le rythme. L'adulte doit le ressentir et l'observer en regardant l'enfant. Il grandit par pallier. Il régresse avant de maîtriser, il s'entraine aussi et si on laisse les choses se faire, de grandes étapes se franchissent sans qu'on ait vraiment besoin d'intervenir...du moins directement sur l'enfant car il y a parfois besoin de penser l'environnement pour favoriser l'émergence de certaines facultés.
La nature offre l'essentiel.
Si on donne un certain regard sur les choses, les enfants de tout âge s'émerveillent d'une graine, d'une forme de feuille, d'un vol de milan noir ou encore d'une plume...Nous avons passé des heures à nous promener en forêt avec Elliott, à collecter de belles choses, à caresser des écorces, à chercher des indices su la présence d'animaux et à voir dans la moindre petite chose, un trésor inestimable.
On a vu le nombre d'or dans une pomme de pin, on a su d'où venait l'ambre en ramenant de la sève transparente, on a fait grandir des têtards et compris la métamorphose, on a gratté des roches pour comprendre les sols, collecté des feuilles pour les classer, des fleurs, des écorces... Nous avons vu touché, senti, caressé, transporté, étudié.
Bref, la nature a été le vrai maître des apprentissages d'Elliott. Montessori a accompagné ses découvertes pour l'étudier. Les maths et le français n'ont pas été négligés mais simplement placés à l'arrière plan.
Il est important que l'enfant se construise dans un environnement beau et sécurisant. Les enfants doivent apprendre que notre monde est magnifique et merveilleux et qu'ils y trouveront leur place. Que les adultes sont valables et attentionnés. Que les autres enfants sont capables d'amitiés et de respect. Que les plantes et les animaux ont un rôle majeur à jouer et que les hommes sont bons, intelligents et capables de grandes choses.
Et aussi que nous sommes là, avant tout, pour remplir notre rôle Cosmique qui est de prendre soin de ce précieux environnement et de la Vie.
L'enfant doit avoir confiance en son monde en sa réalité et cela passe par la connaissance de la Nature, des autres et de tout ce qu'il y a faire pour aider et protéger.
Dans notre famille, les végétaux sont admirés pour leur beauté, leurs capacités et leurs apport au monde. Les arbres sont aimés et je suis même un peu "gaga" je dois l'avouer de beaux magnolias, des araucarias ou des eucalyptus.
Les animaux sont aussi pour nous des êtres essentiels à la vie car leur beauté, leur drôlerie, leurs capacités, nous comblent de bonheur. Les moutons sont au pré et nous ne passons jamais sans les saluer, les mésanges au jardin sont observées avec attention...Chaque animal est vu comme un être sensible, avec sa personnalité. Chacun d'entre eux nous émeut, nous touche et nous intéresse.
Elliott aime ses chats, il est avec eux, il ressent leurs besoins, leur prévoit un jouet d'occupation, les câline et les observe.
Mais il sait aussi prendre soin de sa petite plante sensitive qu'il pense à arroser ou à mettre au soleil. Et qu'il caresse avec délicatesse pour voir, ébahi, ses petites feuilles se recroqueviller!
il a conscience que tous les êtres vivants ont des besoins et que parfois si l'on est responsable d'un animal ou d'une plante il y a des soins , des attentions à apporter.
Chez nous on ne cueille pas de fleurs, si ce n'est pour étude, on n'entaille pas d'écorce, on ne met pas de pesticide sur les plantes, au contraire on aime entendre les insectes, voir les quelques geckos et jolis papillons nous tourner autour...On accueille le hérisson plein de puces, les souris qui dansent, les oiseaux bruyants sur le toit, l'araignée- loup et le reste...tout au plus les remettons-nous dehors.
On s'indigne d'un arbre abattu, d'une plage souillée, des constructions nouvelles...
On parle des conditions d'exploitation des animaux d'élevage, des conditions de captivité ou des conditions de vie de simples chiens...De ce qu'il est possible de faire, des actions à mener, des choix que nous avons devant nous.
Et dans ce regard sur les êtres vivants, Elliott construit sa petite vie, une vie emplie de bonheur à être avec les animaux et à s'occuper d'eux mais aussi à avoir conscience de certaines choses.
Il a fait un stage mini-soigneur animalier et je l'observais de loin, à l'aise enthousiaste comme jamais, il voulait rester plein de jours, faire ça encore et encore, une chouette chevêche au poing, approcher un Ara, s'occuper de la ferme aussi...
Et je voyais d'autre enfants tout contents aussi d'être là et je me suis dis qu'il est plus que temps que les apprentissages valorisent ces précieux échanges entre enfants et animaux.
Les enfants qui font leurs apprentissages à la maison ont souvent la chance de passer leur journée non loin de leurs animaux domestiques et il est à parier qu' ils apprennent à être de fins observateurs, à respecter les plus faibles, à partager, à jouer et aussi à aimer.
Ce n'est pas en restant 8 heures par jour entre enfants du même âge que l'on développera de grandes qualités de cœur. C'est bien au contraire en variant les expériences auprès de personnes différentes de soi en âge, en centres d'intérêts, en culture ou en niveau de conscience comme avec les animaux que l'on parvient à se construire.
Encore une fois seule la Vie a des options enrichissantes à offrir aux enfants. C'est le seul programme qui vaille et qui soit assez varié et surprenant pour combler les enfants!