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La dictée...un passage obligé?



Alors que nous avançons à notre rythme, au cœur du mois de Novembre et de ses pluies torrentielles, j'ai proposé à Elliott la fameuse dictée test de cm2 à laquelle les enfants ont fait en moyenne pus de 18 fautes. Plus pour s'amuser, pour voir...pour savoir si un gamin instruit en famille peut se débrouiller dans ce type d'exercice peut être?

Bon, loin de moi de juger les enfants qui ont fait tant d'erreurs, je ne sais que trop combien l'orthographe française est compliquée et longue à conquérir.

Elliott est en niveau dernière année de 6-12 Montessori et devrait être en cinquième...Il n'a fait que deux fautes à la dictée et encore l'une était un oubli d'un "s" à "il".

Il était satisfait.

Elliott a dû faire quatre dictées en tout et pour tout dans sa vie. Il n'a jamais aimé écrire. Il n'aime pas plus faire de rédactions d'ailleurs. ll a horreur de la dictée et de sa résonance scolaire. Il lit beaucoup. je lui lit beaucoup de choses également tous les jours. En ce moment "Le lion" de Kessel.

Son niveau de langage est plus que correct, il s'exprime bien avec des mots choisis, des structures de phrases riches...Bref, il aime les mots. Et il est est bon en orthographe. Il cherchera toujours la bonne orthographe d'un mot. Il corrigera mes erreurs et je trouve ça très bien.

Alors je ne peux que remettre en question la dictée qui peut, pour des enfants, être un exercice difficile qui révèle toujours l'erreur, l'incapacité à écrire bien.

J'étais moi même nulle en orthographe et je ne comprenais pas le but des dictées si ce n'est qu'elle me révélait être nulle dans ce domaine, que je pouvais avoir un zéro sans avoir compris pourquoi au final.

Je ne sais pas si ces apprentissages font sens au cœur de l'enfant. De ce que je me souviens, c'était comme ça, on devait faire des dictées et j'attendais ma note, mauvaise presque toujours...mais j'adorais écrire des histoires, j'en écrivais chez moi et je lisais beaucoup.

L’orthographe est exigeante, précise. Ne serait-il pas important de permettre à l'enfant de se structurer, de structurer sa pensée mais aussi de le laisser être un peu plus mature pour intégrer tout ceci parfois? Par ce qu'il est normal d'être inattentif, de manquer de concentration, de raisonnement parfois lorsqu'on a huit ans...

Montessori et sa Vie Pratique ainsi que son matériel sensoriel, ses leçons en 3 temps etc...est une aide précieuse.

L'enfant avance à son rythme et vit ses périodes sensibles pleinement. Tout son être se construit. il s'ordonne intérieurement et il a une meilleure compréhension de ce qui l'entoure, des situations, des problématiques et surtout, il a appris à ordonner son travail, à penser de façon logique et efficace.

Il peut s'éveiller à la conscience de ce qu'est sa langue, sa forme, sa signification. Il aimera l’étymologie, la grammaire sans aucun doute car elle lui permet une compréhension profonde du français. Il aura aussi l'exigence du bien fait, de ce qui est juste et bien écrit par ce qu'il n'a pas eu d'échec personnel associé à ces apprentissages.

Il vit une simple découverte de la langue, en prenant le temps qu'il lui faut.

Pareil pour la lecture, il peut aller là où bon lui semble. Je ne vais pas lui imposer un livre, je ne vais pas lui dire qu'il faut avoir lu tel classique pour...pourquoi au fait? Pour être plus cultivé? Non. chaque personne a ses connaissances propres, ses lectures, ses films, ses activités, ses musiques...Chaque personne a son orthographe aussi finalement ou son envie de lire ou pas. Cela ne fait pas d'elles des personnes moins valables, moins intelligentes.

Et de ne rien imposer à l'enfant ne l'empêche pas de découvrir Molière grâce à Louis de Funès dans "l'avare" et de lire les pièces ensuite, ou Shakespeare et quelques autres classiques aussi. Parce qu'en cheminant d'un centre d'intérêt à un autre, on peut tout à fait lire des tonnes de bouquins en fait.

Et en lisant, on construit son orthographe, on l'imprime, on l'intègre sans douleur, sans évaluation ou règle à retenir. On construit aussi sa pensée.

Mon fils ne peut pas écrire comme les autres et il n'en est pas moins capable de comprendre avec une grande facilité les situations qu'il rencontre dans un livre ou dans un film. Il est capable de pensée aboutie mais il a plus de mal à construire un texte car il a une certaine exigence de faire bien de suite...

Mais il est exigeant également sur la bonne façon d'écrire ou d'accorder un verbe.

Vous allez me dire que mon fils est peut être doué tout simplement en orthographe mais il ne l"est pas plus qu'un autre! Par contre sa pensée claire, précise et ordonnée a tout le loisir de se concentrer pour écrire le mot tel qu'il le sait, qu'il a retenu.

Il a beaucoup de mémoire car elle n'est pas ensevelie sous des apprentissages inutiles et choisis par d'autres.

Il n'a pas d'objectifs à remplir, de devoirs à rendre, à faire, d'évaluation à passer : connaître sa langue se fait dans un processus naturel, il s'enrichit au fil des années, au fil des lectures.

Ce n'est pas le désir de quelqu’un d'autre, une attente extérieure. Il aime les légendes par exemple et nous en lisons souvent. On en regarde aussi, par exemple, en ce moment les samedis après -midi à la télé, les légendes grecques qu'Elliott connait vraiment bien d'ailleurs et qui sont parfaitement mises en scènes cette fois.

Et puis, ce peut être bien d'autres choses, une pièce de théâtre, un reportage animalier, qui lui permettent d'enrichir son langage ainsi que nos discussions en famille.

Tous les sujets actuels peuvent faire émerger une discussion. Entre les élections américaines, la primaire, les gaz de schiste, la déforestation de notre proche environnement ici dans le Var, nous avons de quoi faire et dire.

Elliott ne participe pas autant que notre ainé qui lui se positionne vraiment. Le plus jeune a forcément moins d'arguments et surtout moins de facilité à s'exprimer. Pourtant, quand il dit quelque chose, cela fait sens quand même et sa phrase est toujours élégante et bien construite.

On voit bien que nos enfants changent, leur être profond évolue, grandit en même temps que leur corps. Il rencontrent des textes, des histoires, des choses vécues, des expériences et des endroits et cela a un impact sur eux. Tout cela compte surtout lorsque qu'ils ont la chance de faire leur choix, d'orienter leur vie en fonction de ce qu'ils aiment, lire, voir, connaître plutôt que d'attendre la béquée culturelle.

Je n'ai jamais lu Dostoïevski et je passe sûrement à côté de quelque chose en zappant cet auteur et pourtant, il n'est pas venu sur ma route. Mais par mes passions, j'ai eu accès à d'autres écrits, à d'autres histoires qui m'ont offert mille opportunités de connaissances.

Ce que j'ai lu, vu , fait, découvert m'a formé au détour de chaque opportunité. Mais ce sont des choses que j'ai choisi. Je n'ai pas envie d'être guidé dans cela et je pense qu'aucun enfant n'a envie de faire, de lire ou d'écrire dans l'obligation scolaire ou non 'ailleurs. Il le fait par habitude, pour faire plaisir à un adulte, par ce qu'il y est contraint, parce qu'il craint de dire "non"...

Et ces enfants si pauvres en orthographe peuvent avoir également bien peu de vocabulaire, mais ils ont sûrement individuellement de belles compétences ailleurs...et pas forcément dans le cadre de l'école. Peut être qu'un gamin escalade en haut des arbres ou une autre fait du hip hop, une autre dessine des vêtements à la mode ou s'intéresse aux dauphins. Alors juger les enfants sur l'orthographe c'est comme demander à un chien de marcher sur 2 pattes, parfois ils y arrivent très bien mais nous sommes d'accord que ce n'est pas naturel!

L'orthographe ne constitue pas l'être humain...pourtant maîtriser sa langue est fondamental. Le français est riche et complexe. ll est important de le parler et de l'écrire correctement.Pas juste pour réussir un examen, un entretien d'embauche ou autre mais parce que l'on a la liberté de s'exprimer de façon plus précise, traduire sa pensée avec toute l'acuité que les mots nous offrent pour se faire comprendre, pour convaincre, pour séduire.

Bien parler, bien écrire est une richesse précieuse, et cela vaudrait la peine que l'on trouve l'angle pour permettre à ces enfants de progresser. Cela passe peut être par des ateliers, des clubs de lecture, de théâtre... capables de s'éloigner du scolaire pour emmener les enfants vers d'autres expériences que la dictée, les fautes, la correction, la note.

Il faut réussir dans un domaine pour l'aimer, il faut y être encouragé, accompagné par des adultes bienveillants, alors sur le chemin un peu long de ces apprentissages, on peut progresser tranquillement sans peur, sans stress. Faire des fautes fait partie de la vie. Ce n'est pas facile à accepter parfois pour les enfants non scolarisés qui ont souvent pour ambition de faire bien, de dire juste et qui n'aiment pas se tromper.

Il n'y a jamais besoin que nous les mettions en situation d'évaluation, d'échec, de compétition ou autre. Naturellement l'enfant n'a pas besoin de tout cela.

On se trompe de route en enseignant l'orthographe de cette façon. Il faut mettre les enfants en situation de réussite ou ne pas les mettre en situation du tout peut être. Comme chez nous où la dictée n'est ni proposée, ni imposée.

Ce n'est pas l'arme fatale pour écrire le français sans faute.

Par contre la construction de l'enfant, de sa pensée, de sa réflexion, de sa confiance en lui peuvent donner des résultats au niveau scolaire et pas que ...

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